Jeanne Benichou
Sculpture(s)
de tension
Vidéo à venir
La représentation numérique permet de prolonger une situation dans des conditions qui ne se conforment pas aux mêmes dynamiques que le monde physique.
Dans un contexte d’hybridation de l’espace physique (ou réel) avec l’espace numérique, cette association entre « image captée » et « réalité» soulève de véritables questions quant aux possibilités d’interprétation de l’image. En confondant ici l’espace perceptible de la projection avec l’action physique de la matière, l’effet numérique interroge la relation que nous entretenons à l’égard de la représentation visuelle et de l’expérience de son objet.
Ici, l’image retransmise est en partie générée en temps réel à partir d’une captation vidéo. L’effet apparaît alors comme un témoin du mouvement de la matière dans l’espace physique, inscrivant la représentation visuelle dans sa tradition de référence objective au réel. L’effet agit ici comme un pont, un « non-lieu » reliant deux niveaux de réalité différents qui composent l’image de la projection. Cependant, l’effet numérique est ici un résultat d’opérations algorithmiques intangibles et imprévisibles. Il incarne donc aussi, d’une certaine manière, la déchirure ontologique entre la réalité physique et l’artificiel numérique. Il incite ainsi à reconsidérer la nature et l’authenticité de l’image, ainsi que la relation que celle-ci entretient avec son objet de représentation.
« Il s’agit là d’une expérience perceptive particulière, [...], où le corps se trouve simultanément mobilisé dans deux espaces-temps étrangers qui ne répondent pas aux mêmes lois physiques. Non seulement l’utilisateur pénètre dans des espaces sans repères, dans des temps réversibles, à des vitesses modulables, mais il se vit ici et là, engagé simultanément dans deux niveaux de réalité différents. »
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— Duguet Anne-Marie (2002). Déjouer l’image. Créations électroniques et numériques
Processus
Un morceau d’argile est placé sur un tourne-disque. Les variations de mouvements de la matière sont alors captées en vidéo. Les images sources sont ensuite manipulées grâce à des effets numériques en temps réel (configurés au préalable sur le logiciel Touchdesigner), ainsi qu'avec la superposition et l'amalgamation avec d'autres images en mouvement (sélectionnées au préalable). Ces diférents flux sont alors retransmis en direct dans l’espace situé de l’installation.
La matière physique et la matière numérique se confondent alors, créant ainsi un espace ambigu où le réel et l’artificiel se rencontrent.